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Pouvoirs, église et société dans les royaumes de France, Bourgogne et Germanie (888- vers 1110) par Jean-Pierre Arrignon et Jean Heuclin
Le XIe siècle a vu s'opérer en Europe des transformations très profondes, commencées dès le milieu du Xe siècle, mais surtout sensibles après l'an mille, de sorte que, vers 1100, l'Europe différait de celle des temps carolingiens. L'immensité du territoire impérial céda la place à un "encellulement" seigneurial, lent ou brutal selon les régions et en fonctions des crises politiques et dynastiques locales. Cependant, les principautés tenues par des réseaux familiaux, s'efforcèment d'imiter un modèle royal s'appuyant sur des centres de pouvoirs castraux et religieux. Si le rêve unitaire échoua, l'Eglise échappa en partie à ce cloisonnement par la vision universaliste. Moines, seigneurs et paysans furent les acteurs d'un société en mouvement dans laquelle les réformes s'engagèrent dans tous les domaines dans une perspective de Paix. La lumière du Xe siècle fut presque une Renaissance. Elle reprit une tradition carolingienne élitiste qui avait avorté pour produire ses effets et les étendre à des masses d'hommes plus importantes et à des territoires nouveaux. Ce n'était encore qu'un modeste début dont l'accélération allait se poursuivre jusqu'au XIIIe siècle. Le passage de l'an mille n'est pas à proprement parler un tournant; c'est un démarrage préparé depuis longtemps.
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