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Genealexis

Histoires d'hier et d'aujourd'hui...

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Le paquebot "La Lorraine"

La naissance d’un géant des mers

Le « La Lorraine » est un paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique dont la construction débute en avril 1899 au Chantier de Penhoët (un ancien chantier de Saint-Nazaire), premier d’une paire de deux navires, le second étant « La Savoie ». La Compagnie Générale Transatlantique était née en 1861, à la suite d'une convention postale signée avec le gouvernement de Napoléon III, et assurait les liaisons entre Le Havre et New-York dès 1864.

la paquebot La Lorraine de la  Compagnie Générale Transatlantique sur une carte postale ancienne

Le paquebot "La Lorraine"

Le 21 juillet 1900, le Journal des Transports rapporte que "Les essais préliminaires de ce grand paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique ont eu lieu sur les bases au large de Belle-Ile. Les essais officiels auront lieu dans quelques jours et l’on espère que les 22 nœuds exigés seront dépassés". Sa carrière fût entachée, dès l’origine, par de nombreuses défaillances techniques et par quatre abordages (le terme abordage correspond ici à la collision entre 2 navires et non à une attaque de pirate). Le navire est mis en service le 11 août 1900 sur la ligne qui relie Le Havre à New-York. La Compagnie baptise symboliquement le bateau « La Lorraine » en 1902 (la Lorraine est alors sous occupation allemande). Il faudra attendre mars 1905 pour que la TSF soit installée à son bord. Il faut bien comprendre qu’en ce début de XXe siècle, la TSF n’est pas obligatoire dans les paquebots. C’est le naufrage du Titanic dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 qui sera un argument majeur pour rendre obligatoire l’équipement des navires en matériel de TSF et ainsi mettre en place une réglementation maritime.

le paquebot la lorraine prit dans les glaces à New-York

La Lorraine prise dans les glaces à New-York

Le 8 août 1908, Paul JOSSON, son épouse Rosa (la sœur de mon arrière-arrière-grand-père Adolphe AMAND) et leur fils Robert embarquent au Havre à Destination des Etats-Unis où ils arriveront le 15 août.(voir l'article "La grande aventure de Rosa"). Ci-dessous, vous pouvez voir l'extrait d'un registre d'Ellis Island, la famille JOSSOn est aux lignes 22,23 et 24.

Extrait du registre d'Ellis Island concernant la famille JOSSON

La famille JOSSON sur les registres d'Ellis Island.
(lignes 22, 23 et 24)

Le départ du paquebot La Lorraine au Havre sur une carte postale ancienne

La Lorraine au départ du Havre

Aménagements intérieurs

Le paquebot La Lorraine naviguant pour la Compagnie Générale Transatlantique

Une chambre de luxe

La famille JOSSON sur les registres d'Ellis Island'

Le fumoir

Le paquebot La Lorraine naviguant pour la Compagnie Générale Transatlantique

Le salon de conversation

Le salon

Le paquebot La Lorraine naviguant pour la Compagnie Générale Transatlantique

Le salon de conversation

La dernière traversée avant la guerre…

Cet article est extrait du journal L’Ouest-Éclair (éd. de Caen) n° 5719 du Mardi 18 août 1914.

« PARIS, 15 août. ― Le transatlantique Lorraine vient de rentrer au Havre après une traversée émouvante. Un des passagers, M. Désevaux, chef d’orchestre du bord, a bien voulu nous en faire connaître quelques péripéties.

Lorsqu’on sut à New-York que la Lorraine allait regagner la France, emportant 450 mobilisés et bravant les croiseurs allemands, il y eu dans la ville une explosion d’enthousiasme. On acclamait les Français dans la rue ; au café, on leur jouait la " Marseillaise ". Les dames apportaient aux mobilisés des cigares et des gâteaux. Le commandant du navire, le capitaine Maurras, réunit son équipage et demanda à ses officiers s’ils étaient d’avis de partir. Tous furent unanimes : " Avec vous, nous sommes sûrs de passer." Et le commandant déclara : " Je ferai voir aux prussiens ce que c’est que de bonnes hélices."

Le paquebot leva l’ancre le 5 août à midi. Les forts américains le saluèrent d’une salve. A bord, les équipages anglais et américains rangés sur le pont poussaient des hourras. Les remorqueurs de l’Hudson et de la baie saluaient à coup de sifflet. Majestueusement, le grand transatlantique s’en allait vers le devoir et vers le danger. A six heures, on aperçut le croiseur allemand Dresden. La Lorraine l’eut vite distancé, mais elle ne tarda pas à être avertie de la présence de deux autres navires allemands, le Strasbourg et la Carlsruhe qui guettaient son passage. Les deux bateaux communiquaient par T.S.F. Les télégraphistes de la Lorraine interceptèrent leurs messages et l’on put ainsi repérer leur position : ils étaient tous deux à 25 milles du transatlantique et cherchèrent à s’en approcher pendant deux jours et demi. Le dernier jour, les ordres leur enjoignirent de se rapprocher à dix milles. Cette manœuvre aurait sûrement fait surprendre la Lorraine, mais celle-ci à la faveur du brouillard sut s’échapper. Elle avait couru un terrible danger, car les ordres transmis d’un navire allemand à l’autre portaient de couler le transatlantique.

A bord, malgré cette chasse émouvante, l’équipage demeura parfaitement calme. Les mobilisés seuls donnèrent quelque inquiétude. Le voisinage des ennemis enthousiasmait les marins au point qu’ils perdaient toute prudence ; ne s’avisèrent-ils pas un jour de sonner le clairon, la charge.

La Lorraine va prochainement quitter Le Havre pour se joindre à notre flotte de guerre comme croiseur auxiliaire. »

Au service de la patrie

En août 1914, il est converti en croiseur auxiliaire et rebaptisé LORRAINE II. Il participe alors au transport aux Dardanelles (Turquie actuelle) des troupes de la première division du corps expéditionnaire en mars et avril 1915, puis de la seconde division en mai. Début 1916, il participe avec « La Savoie » au transfert de 46 000 soldats serbes de Corfou à Salonique. A la suite de cet événement, plusieurs officiers, officiers-mariniers et marins de la Lorraine-II qui se distinguèrent seront décorés.

le paquebot La Lorraine pendant la Première Guerre Mondiale

L’Ouest-Éclair du Mercredi 24 mai 1916

La Lorraine II dans sa livrée camouflée

Rebaptisé "La Lorraine II", en mode camouflage...

Désarmé le 1er avril 1916 pour une remise en état complète, il est réarmé le 23 mars 1917 sous son nom d’origine, il appareille de Brest le 15 novembre avec la mission Joffre - Viviani à destination de New-York.

Ernest Louis Antoine MAURRAS

Ernest Louis Antoine MAURRAS, commandant de la Lorraine II (Août 1914 ~ Mai 1917)

Ernest Louis Antoine MAURRAS

Le retour à la vie civile

Après la Première Guerre Mondiale, le navire est remis en service sur la ligne Le Havre-New York (février 1919). Il effectue son dernier voyage le 20 décembre 1922 quand il quitte Le Havre pour Saint-Nazaire en vue de sa démolition.

Fiche technique

Nom de la compagnie Compagnie générale transatlantique
Date d'entrée en service 1900
Date de fin de service 1922
Longueur 170 m
Largeur 18,26 m
Jauge brut 11 168 tonneaux
Vitesse 20 noeuds
Passagers de 1ere classe 288
Passagers de 2e classe 116
Passagers de 3e classe 552

Sources et bibliographie