Genealexis

Histoires d'hier et d'aujourd'hui...

Nestor CANONNE tient une place particulière parmi mes ancêtres, il fait partie des premières personnes sur lesquelles je me suis plongées quand j’ai repris mes recherches après la pause généalogique que j’avais dû faire pendant mes études. Par exemple, la première personne dont j’ai cherché la tombe dans un cimetière, c’était lui, la première fois que j’ai parcouru les rues d’une ville pour essayer de retrouver la maison où un de mes ancêtres étaient mort, c’était lui aussi. Il fait partie des ancêtres qui ont une place particulière dans mon cœur, à telle point que quand je parle de lui avec ma mère, nous avons pris l’habitude de le surnommer affectueusement Papi Nestor.

Nestor est né à Anzin (à côté de Valenciennes dans le Nord) le 19 février 1867, fils légitime de Nestor, verrier, et Joséphine MARÉCHAL. Paradoxalement, pour un ancêtre que j’ai dit être un de mes préférés, c’est quasiment tout ce que je sais sur sa vie, outre le fait qu’il ait pas mal bougé au cours de sa vie, au point même de rencontrer son épouse en Belgique, à une soixantaine de kilomètres (à vol d’oiseau) de chez lui. Le 24 juillet 1889, il est forgeron et épouse à Couillet (à côté de Charleroi en Belgique) Marie DUCHÊNE, une couturière de quelques mois sa cadette. Deux ans plus tard, le 25 mars, naît Berthe Aline, la mère de mon arrière-grand-mère.

Nous sommes en 1910, il est 21h30. L’avenue de Condé, qui sert de frontière entre les communes de Valenciennes et Anzin, est une rue pleine d’activité, on y trouve des commerces, des logements ouvriers, l’église Sainte-Croix et un estaminet.

En s’approchant un peu, et en fermant les yeux un court instant, on peut facilement imaginer à quoi ça ressemble : quelques tables autour desquelles des hommes, certains encore vêtus de leur « habits du dimanche », discutent, rient, peut-être même qu’on y parle politique, syndicalisme et socialisme. Dans le fond de la salle, un homme fume une pipe en terre comme celles que l’on fabrique à Onnaing, un petite ville située à quelques kilomètres de là. Un peu plus loin, on y déguste une des nombreuses bières brassées dans la région et on joue aux cartes en pariant le peu d’argent que l’on gagne. Bref, un dimanche soir comme les autres, dans un estaminet comme les autres. Soudain pourtant, le ton monte entre deux hommes : Nestor qui a 43 ans et Alfred VIN (l’oncle de son gendre) couvreur rue des Moulineaux, qui est de 6 ans son aîné. Comme pris de colère, Alfred attrape la chope qui est posée devant lui et, l’alcool aidant sans doute, tente de frapper Nestor à la tête, qui a heureusement le temps de parer le coup avec son bras. On peut imaginer la panique des gens qui assistent à la scène à la vue de la grande quantité de sang perdue par Nestor, qui, selon le rapport du Docteur RELLE qui l’avait pansé, avait une petite artère de sectionnée au poignet droit.

Alfred sera condamné 2 mois plus tard à 15 jours de prison pour coups.

Extrait du Grand Echo du Nord du 17 aout 1910
(source : BNF/Gallica)