Genealexis

Histoires d'hier et d'aujourd'hui...

Je n’ai jamais réellement été doué avec les mots, c’est comme ça depuis toujours et de vous à moi, je dois avouer que c’est souvent ma mère qui écrivait mes rédactions quand j’allais à l’école. Peut-être que la raison qui justifie mon célibat est le manque de mots à mettre derrière les sentiments ? Pourtant, aujourd’hui, j’ai eu envie de prendre mon plus beau clavier, celui qui a les touches usées par le temps et le Z qui remonte de moins en moins à force de jouer à Call of Duty ou à Neverwinter, pour vous raconter une histoire.

Nous sommes dans une petite ville d’une Nord de la France, au milieu des années 90. Un ado d’une quinzaine d’années passe la semaine chez ses grands-parents maternels. Pour s’occuper, il dessine. Il n’est pas très doué, et était sans doute absent le jour de la distribution des talents, mais il n’a pas beaucoup de recul sur la vie et il a une forte tendance à penser que ses dessins font plaisir à sa mamie. Ce matin-là, dans un moment d’ennui profond, il est assis sur un petit banc en bois dont l’assise est recouverte d’osier. Normalement, c’est la place du chat, mais bon… Comme de toute façon, il ne passe jamais le bout de son nez, il ne lui en voudra pas. Notre héros regarde sa grand-mère qui s’affaire dans la cuisine, un enfant vous dirait sans doute qu’elle fait ses trucs de maman. Il aime bien ses grands-parents, ils sont généreux, drôles, gentils et surtout très attentionnés. Pourtant, ce jour-là, il s’ennuie. Comme un défi, sa grand-mère lui propose de faire son arbre généalogie. Il prend une feuille, comme celles où il a l’habitude de croquer des bonhommes maladroitement, puis, timidement, il commence : Lui, sa petite sœur née 5 ans plus tôt, ses parents, puis ses grand-parents et ses arrière-grands-parents. L'aventure commençait.

Les années passent doucement, et l’ado devient un étudiant en mathématiques. Il découvre la BU, et devient sans vraiment sans rendre compte un rat de bibliothèque, il dévore les livres et se prend de passion pour l’antiquité en s’amusant à faire les arbres généalogiques des dieux gréco-romains. Le jeune adulte qu’il est découvre la généalogie dans les mairies, avec des secrétaires de mairie qui donnent beaucoup de leur temps, et d’autres qui font payer les photocopies une petite fortune. La fac, c’est aussi la découverte d’Internet et les premiers pas vers la généalogie numérique. Il découvre qu’il n’est pas le seul à parcourir les cimetières pendant des heures, d’autres ont la même passion que lui et certains sont même des cousins proches dont il ignorait totalement l’existence. Il est tellement passionné qu’après sa réorientation, il trouve une folle idée pour lier l’informatique et la généalogie pour son projet de fin d’études.

Les années continuent de passer et les créations s’enchaînent avec un site d’entraide et un premier site perso. Il a des projets pleins la tête, il a envie de créer une webtv de la généalogie, il organise des soirées thématiques sur le chat de son site, certaines sur la guerre de 1870 et d’autres sur l’origine des noms de famille. Il est fou de joie quand il reçoit des mails où on lui demande des conseils, où on le félicite pour ses articles ou sa façon d’écrire. L’ado est maintenant un homme. Les années sont vite passées, un peu trop même. Pourtant, il a encore et toujours des projets pleins la tête.

Cette histoire, vous l’aurez deviné, c’est la mienne. Aujourd’hui, je ne me reconnais plus dans la généalogie et dans ce qui est pour moi une passion. Elle ressemble à une guerre civile où différents clans passent leur temps à se faire des crasses. C’est devenu une course à l’ancêtre où tels des Marios (ndla : un héros de jeux-vidéos), les généalogistes auraient pour seul but de collecter un max d’ancêtres, peu importe la qualité de mon travail et de mes recherches, tant que j’en ai une plus grosse que toi (on parle de la base de données hein..). Je passerai sous silence les gens qui se relient à Nabuchodonosor, Adam, à Jules César ou à Dieu (oui oui, ça existe.), ce n’est pas le but de cet article et je pourrais sûrement écrire des pages et des pages sur le sujet. La généalogie est aussi devenue un vaste terrain d’expériences génétiques où les gens envoient leur ADN à des boîtes situées aux USA pour tenter de retrouver leurs origines. Je me demande vraiment ce que ça va donner dans quelques années, aurais-je le droit à des « Bah… Comment tu fais tes recherches sans tests ADN ? ». Je sais ce que vous allez me répondre, chacun est libre de ses actes (ah ah!) et de faire ses recherches comme il en a envie. Oui… Je sais bien, mais je m’inquiète vraiment de la tournure que ça prend et pour l’avenir de la généalogie.

Commentaires   

#1 Murielle 25-03-2021 09:24
Bonjour Alexis,
Je ressens beaucoup d'amertume dans ce post. Je pense que la situation actuelle y est pour quelque chose aussi. Relativise tout cela, ce n'est pas grave, nous avons tous dans nos gènes -si sacrés pour certains- la date fatidique et logique de notre fin. Dons, vis le moment présent, réjouis-toi des rencontres que tu fais, apprécie d'être ici et laisse causer ces pseudos généalogistes et leurs compteurs.
Bonne journée,
Murielle