Genealexis

Histoires d'hier et d'aujourd'hui...

La ville prit le nom de l'évêque d'Angoulême qui, martyrisé en 801, y avait officié pour la dernière fois. Charlemagne y fonda une basilique en son honneur. Voici l'histoire de cet évêque tel que Louis CAPELLE la décrit dans " Fêtes religieuses qui doivent se célébrer à Saint-Saulve" (1865):

Statue de  Charlemagne (Allemagne)

Statue de 
Charlemagne (Allemagne)

A la fin du huitième siècle, les contrées qui s'appellèrent le Hainaut français et que domine la ville de Valenciennes, était loin de se trouver dans l'état où nous les voyons aujourd'hui. Elles ne présentaient à la vue que des champs incultes, des forêts et surtout des marais fangeux sillonnés par l'Escaut. Quoi qu'éclairés de la lumière évangélique qui s'était levée sur eux, les habitants n'avaient point encore entièrement perdu le caractère dur des vieux Nerviens leurs aïeux; les anciens historiens vont même jusqu'à dire qu'en général, ils étaient féroces comme les animaux qui peuplaient leurs forêts. Le midi de la France était prospère : le religion y avait jeté de profondes racines; la foi et la charité y étaient connues, et, avec elles y régnait la civilisation chrétienne. On y savait que le Nord quoi qu'ayant renoncé au paganisme, tardait à se former aux meurs douces et pures de la religion de Jésus-Christ. De nombreux missionnaires abandonnaient les belles contrées de l'Aquitaine et du Languedoc pour apporter leurs concours aux saints Évêques de Tournai et de Cambrai. On rencontrait même des évêques qui quittaient momentanément les régions au milieu desquelles l'Église les avait placés et venait évangéliser le Flandre et le Hainaut.
Parmi ces ouvriers de l'Évangile, Valenciennes vit dans ces murs un évêque d'Angoulême nommé Saulve (Salvius), accompagné d'un disciple qui probablement était diacre et don l'histoire n'a pas conservé le nom. Après avoir prêché dans cette ville et ramené à Dieu un grand nombre de pécheurs, Saulve se dirigea vers Condé, où il voulait rendre hommage à la Sainte Vierge, dans une église qu'y avait érigée Saint Amand.
En quittant Valenciennes il s'arrêta à un village nommé Braine pour y vénérer la mémoire de Saint Martin dans une chapelle dédiée à cet illustre évêque de Tours qui, comme lui, avait, quatre siècles auparavant, parcouru ces contrées et que l'on appelait l'apôtre de France. Le dimanche, lendemain de son arrivée à Braine, où il avait passé la nuit en prières, une partie des habitants, apprenant la présence du missionnaire au milieu d'eux, s'empressèrent de venir à l'église pour entendre la parole de Dieu et assister au Saint Sacrifice qu'il offrit. Après l'office, un des hommes puissants du pays, nommé Génard, qui était prévôt de Valenciennes et qui habitait une maison de campagne à Beuvrages, l'invita à venir prendre son repas chez lui. Génard avait un fils nommé Winegard, qui vivait mal, s'abandonnant aux plus mauvaises passions.

Un homme qui s'est laissé dominer par un penchant pervers du coeur, devient bientôt l'esclave de tous les vices; il ne connaît plus de lois; à l'occasion il est capable de commettre tous les crimes. Le malheureux "Winegard avait vu briller sur l'autel, entre les mains du vénérable évêque, un calice d'or. Détournant son esprit des bonnes pensées qu'auraient dû y faire naître les instructions qu'il venait d'entendre, il ne songea qu'à s'approprier ce vase précieux. Le saint missionnaire et son disciple ayant terminé leur repas , s'étaient remis en route; déjà ils étaient arrivés près d'un petit ruisseau appelé le Bucion, non loin de Beuvrages, lorsqu'ils aperçurent Winegard qui s'avançait à leur rencontre avec des hommes armés. Celui-ci, avec un ton d'hypocrisie raffinée, leur demanda où ils dirigeaient leurs pas, et, sur leur réponse , il les engagea à venir plutôt voir et consacrer une église que, disait-il, il avait érigée dans ses domaines.

Cependant, on ne sait pas au juste l'époque où la ville de Saint Saulve échangea son nom de Brena contre celui de Saint Saulve, mais ce fut sans douté après de 12e siècle, car Philippe, abbé de Bonne Espérance écrit encore Brena en 1140.Le saint voyageur lui répondit qu'il ne pouvait acquiescer a sa demande et continua sa marche. Mais aussitôt, sur un signe que Winegard fait à ses compagnons, il est saisi ainsi que son disciple, l'un et l'autre sont dépouillés, garrottés et emmenés dans la forteresse de Beuvrages, où ils restèrent emprisonnés pendant trois mois.

La cupidité du fils de Génart était satisfaite : il possédait la coupe d'or. Mais un crime appelle ordinairement un autre crime, craignis0 que l'évêque ne le dénonçât. Il prit le parti de se débarrasser de lui, en le faisant mettre à mort ainsi que son compagnon, dans la prison Winegaire le geôlier reçut de sa part l'ordre de les massacrer tous deux. Celui-ci se disposa à commettre cet acte de férocité, mais, en entrant dans la prison, à la Vue du Saint qui était en prières et dont la figuré lui paraissait être celle d'un ange, il recula d'épouvante. Winegard impatient de savoir si ses ordres étaient exécutés et se doutant de ce qui était arrivé, envoya au geôlier un valet chargé le presser par des menaces, de faire ce qu'il lui avait recommandé et même de se joindre à lui. Ces deux hommes obéirent lâchement a leur maître; ils frappèrent d'abord l'évêque qui tomba sans vie a leurs pieds, puis, se jetant sur son disciple, ils l'assaillirent à coups de hache et le laissèrent baigner dans son sang. Ainsi moururent Saint Saulve et son compagnon, le vingt-six juin de l'année sept cent quatre-vingt-dix huit. Saint Saulve était âgé d'environ quarante ans.

Les assassins et leur abominable maître cherchèrent aussitôt les moyens de cacher leur crime: pour en dissimuler les moindres apparences, Ils résolurent de transporter les cadavres dans une étable à boeufs et de les enfouir dans un trou qu'ils creusèrent. Le corps de Saint Saulve y fut jeté le premier, et au dessus. on plaça celui de son disciple; circonstance qui fit donner à ce dernier dont le nom véritable était inconnu, le nom de Superius ou de Supère, qui veut dire placé par dessus.

La providence de Dieu, a qui rien n'est caché, ne tarda pas à se manifester; comme elle dispose de tout à son gré. elle se servit des animaux pour divulguer en même temps et le crime des assassins et la sainteté des victimes. On racontait à Beuvrages et aux alentours qu'il se passait quelque chose d'étrange dans l'étable de Winegard ; qu'un taureau repoussait constamment les autres animaux d'un coin de cet elable et ne permettait pas que ce lieu fût souillé ; une vénérable femme attestait que sortant de chez elle, la nuit, pour prier Dieu, jetant les yeux sur l'étable, elle l'avait vue resplendissante de lumière et que , s'étant approchée, elle avait reconnu que cette lueur procédait des cornes du taureau qui étaient comme des lampes d'une admirable clarté.

Ces bruits allèrent toujours croissant et ne lardèrent pas à arriver aux oreilles des officiers du roi et jusqu'au roi lui-même. Charlemagne voulut aussitôt connaître l'exacte vérité : ses envoyés arrivèrent à Valenciennes, firent des informations juridiques et saisirent les meurtriers. Bientôt arriva le roi en personne ; les coupables furent amenés devant lui et condamnés a perdre la vue. Lorsque la justice humaine fut satisfaite, Charlemagne voulut témoigner de sa vénération pour les saints martyrs. Par son ordre, on relira leurs corps de la fosse où ils avaient été jetés, et on les plaça sur un chariot attelé de boeufs, destiné à les transporter dans l'église Saint Vaast, en dehors de Valenciennes, puis dans celle de Sainte Pharaïlde, a Bruay; mais la volonté du ciel sembla s'y opposer et indiquer pour le lieu de leur repos l'église Saint-Martin au village de Braine qui, dés ce moment,échangea son vieux nom contre celui de Saint- Saulve, qu'il porte encore aujourd'hui.

Un prieuré de bénédictins y fut installé au Xe siècle et transformé en abbaye au XVIIe siècle. Des fouilles archéologiques ont été effectuées sur ce site, à la faveur d'un projet de construction (recherches menées successivement par MM. Michel Descamps, Vincent Maliet et Eric Compagnon).

Commentaires   

#1 nargeollet 09-11-2012 13:16
bonjour je me passionne pour la généalogie ,je suis descendance des quievy et delvaux ,je pense avoir une histoire chez vous cordialement