Genealexis

Histoires d'hier et d'aujourd'hui...

Aujourd'hui j'aimerai vous faire partager un article que j'ai trouvé dans un exemplaire de "Le Temps" daté du 09 avril 1863 que j'ai consulté sur le site de la BNF. L'histoire se passe près de Wargnies le Grand. Pourquoi ce village ? Tout simplement par ce que c'est le village où j'ai grandi et vécu de 1979 à 2002.

L’Echo de la Frontière donne les détails suivants, sur un crime dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs :

"Dimanche, vers six heures du soir, une belle jeune fille de Wargnies le Grand, se rendait à Villers-Pol. Parvenue à un endroit où le chemin est un peu encaissé, elle fut accostée par deux militaires qui la suivaient depuis quelque temps. L'un deux lui demanda le chemin du Quesnoy, puis passant le bras autour du cou de la jeune femme comme pour l'embrasser, il lui dit: "ce n'est pas notre chemin que nous cherchons, c'est ta vie, si tu consens à ce que nous voulons." A ces mots, il lui posa sa baïonnette sur la gorge; mais Éléonore parvint à se dégager et à se sauver à travers champs.

Poursuivie par les deux soldats et bientôt atteinte, elle fut renversée aux pieds de ces misérables qui, en s'aidant mutuellement, consommèrent le plus lâche des attentats. Peu après, l'un d'eux dit à son camarade : "Nous sommes perdus; elle va nous dénoncer, il faut la tuer." Alors la pauvre fille, se jetant à leurs genoux, les supplia de lui laisser au moins la vie, leur dépeignant la malheureuse position dans laquelle sa mort laisserait son père, garde particulier, resté veuf avec cinq enfants dont elle est l’aînée et auxquels elle servait de mère.

"Mon Dieu! leur dit elle, je vous promets de ne jamais rien dire; je prétendrai, au contraire, qu'attachée par des malfaiteurs, j'en ai été délivrée par vous. Si vous voulez, entrons dans un cabaret non loin d'ici, où mon père m'attend, on ne soupçonnera rien." Cette promesse convainquit les militaires, qui entrèrent bientôt avec Éléonore dans le cabaret tenu par le sieur Lambour. En voyant sa chevelure en désordre, sa figure bouleversée, ses vêtements teints de sang, en lui voyant quatre dents cassées et une blessure au coup, on l'interrogea, on la pressa, et alors elle du raconter, en fondant en larmes, le crime odieux dont elle venait d'être victime.

On la connaissait pour une fille très sage; aussi, l'on n'eut pas de peine à ajouter foi à son récit. indigné, on voulait se saisir des soldats, mais la main sur leurs baïonnettes, ils firent mine de s'en servir, et on les laissa sortir. Comme on les suivait à distance, on les vit s'arrêter dans un cabaret d'Orsinval. Heureusement se trouvait là l'instituteur de la commune, homme énergique, qui se jeta sur un des soldats pendant que d'autres s'emparaient de son complice; on les conduisit au Quesnoy, où ils ont été déposé en lieu sûr, et où ils sont encore.

Mardi Matin, le procureur impérial et le juge d'instruction d'Avesnes se rendirent à Villers Pol, assistés d'un médecin, et se livrèrent à une information qui dura deux jours. Les accusés furent confrontés avec la jeune fille, qui les reconnut aussitôt. Deux bergers ont affirmé avoir vu deux soldats poursuivre une femme dimanche soir. Le médecin a confirmé le viol; les vêtements, la baïonnette d'un des soldats a été examinés, et on y a, dit-on, constaté des traces de sang. Ces militaires n'en persistent pas moins à nier.

Je me demande si je devrais pas en faire un scénario pour un prochain épisode de Miss Marple ou Hercule Poirot...

Note : l'épisode 2 est paru