Cette semaine, je vous propose de grimper dans ma DeLorean pour faire un voyage de 200 ans dans le passé. Nous sommes à Condé (qui deviendra Condé-sur-l'Escaut seulement en 1886), une commune du Hainaut d'un peu moins de 6000 habitants qui est passée sous domination française depuis le traité de Nimègue de 1678.
C’est là que nous faisons connaissance avec Georges Joseph BLONDEAU, un batelier né le 23 novembre 1783 à Condé. Fils de Georges Joseph, maître batelier de Condé, et de Jeanne GUERDAIN, il est baptisé dès le lendemain par le père Bertrand DELVALLEE, vicaire de la paroisse. Son parrain est Jacques Philippe HOUZE, maître batelier de Mons originaire de Fresnes-sur-Escaut, sa marraine est Agnès DELVALEZ, négociante originaire de la paroisse de Condé. Georges est le frère de ma sosa n°487. (Si j’ai bien compté, ça fait de lui mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-oncle ^^)
Acte de baptême de Georges
(source: Archives Départementales du Nord)
Je n’ai trouvé aucune trace d’un mariage ou d’une quelconque descendance en ce qui concerne Georges en fouinant dans les archives de l’époque. Les bateliers étant très mobiles, les recherches les concernant ne sont jamais très faciles. On trouve souvent dans une même famille, des enfants nés à des centaines de kilomètres l’un de l’autre, parfois même dans des pays différents. Peut-être que Georges n’a tout simplement pas eu le temps de fonder une famille?
Pendant ce temps, à Nord-Libre, le nom révolutionnaire de Condé, la vie essaie de continuer. Le 10 juillet 1793, après un blocus de 92 jours et un bombardement de la ville depuis Vieux-Condé qui est un peu plus élevée, les troupes autrichiennes, menée par François de Saxe-Cobourg, finissent par occuper la ville de Georges qui sera libérée par le Général Schérer le 3 septembre 1794.
Extrait des registres de matricules du 72e RI de ligne
(source: Ministère de la Défense - Mémoire des Hommes)
Le registre des matricules du 72e Régiment d’Infanterie de Ligne nous apprend que Georges fait partie des conscrits de l’an XIII (1804), il arrive à son régiment le 8 floréal de la même année et y devient fusilier. A la fin de l’année 1805, le 72e, qui fait partie de la Grande Armée, était basé au camp de Gauche de Boulogne, qui se trouvait sur la rive gauche de la Liane, près d’Outreau, dans le Pas-de-Calais. Ce régiment a été créé par tirage au sort du 25 ventôse an IV à partir de la demi-brigade des Lombards (ex 199e demi-brigade). Lors de la Première Restauration, le 72e régiment d'infanterie de ligne recevra le numéro 66.
Plan de Boulogne
(source : Gallica/BNF)
Le 16 février 1807, Georges devient grenadier. Pendant le Premier Empire, les régiments d’infanterie de ligne étaient divisés en 2 à 4 (très rarement 5) bataillons, eux-même divisés en 6 compagnies réparties de la façon suivantes: 1 bataillon de grenadiers, 1 bataillon de voltigeurs et 4 bataillons de fusiliers. La mutation dans une compagnie de grenadier était une récompense et la solde et l'équipement y était supérieurs, les grenadiers continuant à porter des sabres, alors que les fusiliers devaient se contenter de la baïonnette.
Grenadier en 1807-1808
d'après la suite dite de Otto de Bade (Kolbe)
(source : http://frederic.berjaud.free.fr/)
Georges BLONDEAU est tué d’un coup de feu le 14 juin 1807, quelques mois avant ses 24 ans, pendant la Bataille de Friedland (Pravdinsk en Russie) qui marque la fin de la Quatrième Coalition.
Déroulement de la bataille de Friedland
(source: Académie de West Point)
Déroulement de la bataille de Friedland
(source: Académie de West Point)
Déroulement de la bataille de Friedland
(source: Académie de West Point)
Au milieu du XVIIIe siècle, la découverte en Amazonie du latex, défini par le Larousse comme une « émulsion de composition variable sécrétée par certaines plantes et ayant souvent un aspect laiteux. », amène les savants européens à chercher des applications pour cette matière souple et élastique.
La récolte du latex
(Musée du Congo)
Dans une communication à l'Académie des Sciences de 1751, Charles Marie de la Condamine, découvreur du latex, encourage ses auditeurs à en " étudier les propriétés et rechercher le parti que l'on pourrait en tirer ". La première application que l’on trouve à cette nouvelle matière, et curieusement pendant près de cinquante ans la seule, sera celle d'effacer les traits de « crayon gris ».
D’ailleurs, ça me rappelle les gommes à deux couleurs, avec un côté rose pour le « crayon gris » et un côté bleu qui était censé effacer l’encre mais qui, chez moi, se contentait d’arracher la feuille ou de faire de grandes traces bleues. Bref, si la grande histoire de la gomme vous intéresse, je vous invite à lire un document issu de ma collection personnelle que j’ai numérisé pour vous permettre de le consulter.
Découvrez la grande histoire de la gomme en cliquant sur le lien ci-dessous ! (pdf)
http://www.genealexis.fr/pdf/histoire_de_la_gomme.pdf
Pour ma rentrée généalogique, je vais traiter d’un sujet qui concerne mes ancêtres et les vôtres. Comme les guerres, qui fauchent les hommes dans la fleur de l’âge, j’ai trouvé quelque chose qui a dû, je pense, toucher toutes les familles.
Parmi la foule d’ancêtres que collectionne un généalogiste, il y a parfois un individu qui sort du lot. Il peut s'agir d'une mère qui a eu une vingtaine d'enfants (à l’heure où j’écris ces lignes, mon record est 16 enfants pour un couple, et 18 enfants pour un homme avec 2 unions), d’un soldat qui a reçu une médaille à la suite d’un acte héroïque, d’un homme fusillé par les allemands dans la cave d’une villa de la Côte d’Azur pendant la Seconde Guerre Mondiale ou encore du cousin Henri qui était bagnard. Pour la première fois en un peu plus de 20 ans de recherches, 23 ans pour être précis, j’ai rencontré des personnes qui sont décédées pendant une épidémie. Dans le cas présent, il s’agit de l’épidémie de choléra qui a touché l’Europe a partir de 1830.
Le choléra-morbus à Paris en 1832 (par Honoré Daumier)
Comme pour toute histoire que l'on raconte, je vais d'abord vous présenter l'héroïne : Choléra Morbus. Derrière ce doux nom se cache en réalité une gastro-entérite excessivement violente et dévastatrice causée par un bacille qui porte le joli nom de vibrio cholera. La contamination est orale, d’origine fécale, par l’eau de boisson ou des aliments souillés. La victime commence par être prise de vomissements et de diarrhées très violents, puis très vite, la victime se déshydrate, perd des éléments nécessaires au bon fonctionnement de son corps, comme par exemple certains sels minéraux. La moitié des malades meure dans les 3 jours.
Vibrio cholerae observé au microscope électronique à balayage
Louison Maximilienne MESTER est décédée du choléra le 25 juillet 1832. La mention de la cause du décès est présente sur l'acte de décès disponible aux Archives Municipales de Quarouble mais est absente de la copie numérisée sur le site des Archives Départementales. Louison est née le 3 novembre 1796 à Saint-Saulve (Nord), fille naturelle de Marie Joseph MESTER. Le 16 mars 1825, elle devient, à la mairie de Saint-Saulve, la seconde épouse de Jean-Baptiste MASCART (1779-1866), arrière-petit-fils de mes aïeux Antoine MASCART et Michelle BRACONNIER (mes sosas n°644 et 645). Le couple formé par Louison et Jean-Baptiste aura 3 enfants : Louise Désirée (1826-1836), Henri (1829-1831) et Hubert (1831-1873). L’épidémie touche également Jacques Humbert JOLY qui est décédé le 24 juillet 1832, au domicile de son fils Augustin JOLY. Né le 26 mars 1721 à Quarouble (Nord), Jacques est le fils de mes ancêtres Antoine JOLY et Marie Jeanne MASCART (mes sosas n°640 et 641). Le 28 octobre 1782, Jacques épouse Prudence MASCART à l’église de Quarouble. Ensemble, ils auront 4 enfants : Augustin (né en 1791), Joséphine (née en 1794), Florentine (née en 1797) et enfin Béatrice (née en 1800).
La Route Nationale à Quarouble
Comme Quarouble, de nombreuses villes européennes vont être durement frappées par des épidémies de choléra en 1832 et au cours du XIXe siècle. La maladie, qui est essentiellement liée aux mauvaises conditions sanitaires dans les villes, fait son apparition en Inde en 1826. Elle gagne Moscou et l’Empire Russe en 1830, y provoquant des émeutes puis progresse vers la Pologne et la Finlande. Le choléra atteint ensuite Berlin en 1831, la Grande Bretagne en février 1832, où elle provoque également des émeutes, et enfin la France en mars de la même année. L’épidémie touche certains grands noms du XIXe siècle comme Casimir Perier (président du conseil de 1831 à 1832), Sadi Carnot (Physicien français), Jean-Maximilien Lamarque (Général français), Georg Wilhelm Friedrich Hegel (Philosophe allemand) et bien d’autres.
Je suis en train de compiler des données sur le nombre de victimes du choléra dans le valenciennois en utilisant les chiffres paru dans « L’Echo de la Frontière » en 1832, mais j’ai encore besoin d’un peu de temps, je ne manquerai pas de vous tenir au courant.
Sources :
Source: La Voix du Nord.
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