Dans tout cet article, il faut prendre « belge » au sens « latin » du terme. Il désigne les populations celtes qui occupaient la Gaule Belgique, une région globalement située entre la Seine et le Rhin.
Carte des peuples gaulois
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Tacite, un auteur latin né en 58 et décédé en 120, disait des belges qu’ils « affectionnaient hautement leur origine germanique, disant que ce sang noble les séparait de toute similitude [avec les Gaulois] et de la paresse gauloise ». Cette origine déjà rapportée par Strabon et César, a été confirmée par les recherches archéologiques qui tendent à prouver que des mouvements ethniques au IIIe siècle avant JC sont à l’origine de la formation des peuples connus sous le nom de belge durant l’antiquité.
Parmi les nombreux peuples de la « Belgica », on compte les Eburons, les Atrebates, les Viromanduens, les Ambiens et enfin les Nerviens, réputés pour être, selon César, le plus farouche de tous les peuples belges. Il indique par exemple que « les marchands n’avaient aucun accès auprès d’eux ; ils ne souffraient pas que l’on introduisit chez eux du vin ou quelques autres produit de luxe, estimant que cela amollissait leurs âmes et détendait les ressorts de leur courage ; c’étaient des hommes rudes et d’une grande valeur guerrière » qui érigeaient des défenses de haies, sûrement des bocage, pour défendre leur territoire.
A la fin de l’année 57 avant J.C., sous la conduite des Nerviens, presque aussi puissants que les Bellovaques, un peuple gaulois originaire de l’Oise, les belges des Flandres et du bord du Rhin opposent aux armées de César une résistance farouche lors d’une bataille qui leurs vaut la plus longue description de la part de César. Les Nerviens, sous la conduite de leur « Chef Suprême » Boduognatos, perdent 300 de leurs 600 sénateurs et la quasi-totalité de leurs guerriers : plus de 150000 sont morts ou ont fuit. Boduognatos meurt pendant la bataille. Par sagesse, pour éviter de les laisser démunis face aux agressions germaines, César conclut la paix avec les belges sans rien exiger d’autres. C’est une période qui est restée dans l’histoire sous le nom de Bataille du Sabis (La Selle, affluent de l’Escaut).
Après sa campagne contre les bretons (Grande-Bretagne) de 55 avant JC, Jules César est de retour en Gaule. Il fait campagne contre les Morins et les Ménapes, puis prend ses quartiers d’hiver chez les belges.
Pendant l’hiver 54 avant J. C, Le Hainaut est conquis par César au prix d’un siège de 7 jours et de la trahison de Vertigo, un aristocrate Nervien acquis à la cause romaine. Très vite, la région est latinisée voit son réseau de piste remplacé par 7 voies traversant l’Escaut : « Pons Scalis » (Escaupont) et 1 passant par Famars « Fanum Martis » où un camp situé au Mont-Houy domine les premières huttes valenciennoises. Les Nerviens se joignent à l’entreprise d’Ambiorix et assiègent Cicéron. Ils sont battus par César, venu au secours de son lieutenant.
Les fouilles à Famars
(source: INRAP)
A la fin de l’hiver 53 avant JC, César rassemble ses troupes les plus proches (4 légions) et marche sur le pays des Nerviens, qui préparent de nouveau une entrée en guerre, sans leur laisser le temps de réagir. Il vole le bétail qu’il offre à ses soldats et dévaste la campagne nervienne. Les Nerviens sont obligés de se soumettre et doivent livrer des otages à Rome. L’année suivante, affaiblis, ils participent toutefois à la révolte de Vercingétorix comme Jules César lors de la Bataille d’Alésia en envoyant 5000 hommes.
Les Nerviens restent fidèles à Rome pendant la révolte du chef batave Civilis (68 et 69 après J.C.). Fidèle auxiliaire des armées romaines, il est soupçonné à tort de haute trahison avec son frère Paulus. Ce dernier est exécuté, alors que Civilis bénéficie de l'avènement de Galba qui le libère. II provoque en 69 une révolte de son peuple (la Révolte des Bataves) à la suite de laquelle il est bientôt rejoint par des Germains et une partie de la Gaule conduite par Julius Sabinus. Après des victoires dont la prise de Mayence il fut vaincu à Trèves par le général romain Petilius Cerialis, traita avec les Romains et devint leur allié en 70.
En 291 après JC, la région est repeuplée par des prisonniers Francs sous l’ordre de Maximien Hercule, suite aux incursions ennemies sur l’Empire. Il s’agit surtout de l’établissement des Chamaves et des Frisons, deux peuples germains, dans la Batavie (Pays-Bas actuels).
Au IVe siècle après Jésus-Christ, l’Empire Romain est devenu un empire chrétien depuis la liberté des cultes décidée par Constantin (en 313), l’interdiction des cultes païens et la promotion de la religion chrétienne en religion d’état par Théodose (en 394). C’est à cette période que Saint-Martin et son disciple Victrice évangélisent le Pagus Fanomartensis qui va de Famars à la Sambre et installent à Bavay un évêque nommé Superior.
Vers 432, les villes de la Belgique Seconde sont sans défense, car Aetius, le général romain chargé de la défense de la Gaule, a eu besoin des troupes pour lutter contre les Burgondes, les Alains, les Francs rhénans, les révoltes antifiscales et les Wisigoths. Clodion profite de l’occasion pour monter une expédition et s’empare de Tournai, Cambrai et Arras pour s’y installer pour quelques années. En 448, Aetius décide de punir les francs pour avoir annexé des territoires sans aucune autorisation. Il attaque Clodion à Helena (près d’Arras) pendant le mariage d’un membre important de son armée. Aetius sait très bien qu’il n’a pas les moyens logistiques de maintenir l’ordre dans les territoires occupés illégalement par Clodion. Il propose donc à celui-ci de renégocier le fœdus, le traité d'alliance de 342 qui fait des Francs saliens des fédérés combattant pour Rome et autorise Clodion à rester sur les territoires qu'ils ont déjà conquis en tant que « fédérés ». Clodion installe sa capitale à Tournai. A la mort de ce dernier, et comme le veut la coutume franque, son royaume est divisé entre ses 3 fils : Mérovée reçoit la ville de Tournai, son second fils reçoit Cambrai et enfin le dernier Tongres. Mais ça, c’est une autre histoire !
Clodion Le Chevelu
Par ce que je sais que vous êtes des petits curieux avides d’histoire, je vous donnerai prochainement la liste des sources qui ont servi à l’écriture de cet article. Bonne découverte !
L'histoire que je vais partager avec vous aujourd'hui se déroule entre la fin des années 30 et le début des années 40, dans une Corée occupée par les japonnais. Je vais passer les détails historiques et politiques qui font que la Corée a été annexée par le Japon en 1910 car ça risque de vous ennuyer et perdre la moitié de mes lecteurs. Pour faire bref, il faut imaginer une Corée occupée par l'Empire Japonnais et dont la langue maternelle est prohibée à l'école, dans les lieux publics et lors des manifestations officielles depuis 1938. En 1940, les Coréens sont même priés d'abandonner leurs noms pour adopter un patronyme japonnais. Dans les faits, on estime à moins de 1 sur 10 le nombre de famille s'étant pliée à la "demande" de l'envahisseur japonnais.
Cette histoire, c'est également celle de Dani, héros du film "L'arbre généalogique", de Im Kwon-taek. Dani est un fonctionnaire japonais du gouvernement provincial du Gyunggi-do. Son service s’occupe de transformer le nom des Coréens en patronymes japonais, suivant les ordres du gouverneur général. Sul Jin-young, un Coréen fier et têtu, refuse de changer son nom. Dani finit par le respecter et tombe amoureux de sa fille, Ok-sun. Le conflit entre son devoir et le respect qu’il éprouve pour l’orgueil de Sul et sa volonté de conserver le nom familial sera lourd de conséquences.
L'affiche du film
"L'Arbre Généalogique" (1978)
Note: le film est connu sous d'autres noms: "Jokbo" (en coréen), "The Genealogy" ou "The family Pedigree" (versions anglaises).
Cette semaine, je vous propose de découvrir un article paru dans la revue Horizons de février 2016, comme je l'ai déjà indiqué, il s'agit d'une revue gratuite qui est distribué aux habitants de la porte de Hainaut. Il résume, de façon non exhaustive, les principaux événements qui se sont déroulés pendant la Première Guerre Mondiale.
Fin août 1914, après la défaite de l'armée française à Charleroi (Belgique) le 23, les troupes allemandes envahissent le nord de la France. Elles arrivent par trois axes: celui qui relie Mons, Valenciennes et Bouchain, la liaison entre Tournai, Orchies et Bouchain ainsi que le chemin menant de Saint-Amand-les-Eaux à Denain, Roeulx et Bouchain. A la fin du mois, plusieurs villes et villages de notre territoire sont occupés. Le 25, les Allemands entrent dans le quartier de Vicoigne à Raismes. Des civils sont assassinés par les soldats et des maisons incendiées. Le petit-fils de chancelier Bismarck participe à ces exactions.
Le 20 octobre 1915, Louise de Bettignies, native de Saint-Amand-les-Eaux, agent secret au service de l'Intelligence Service britannique pendant la guerre, est arrêtée à Froyennes. Condamnée aux travaux forcés à perpétuité pour espionnage, elle meurt à peine trois ans plus tard d'une pleurésie mal soignée.
Louise de Bettignies
Pendant l'occupation, à Roeulx, les Allemands tentent de remettre en route les hauts-fourneaux, forges et aciéries mais la population s'y oppose. Ils sont donc démontés pièce par pièce, puis mis dans des trains en direction de l'Empire. Dans la cité de Mousseron (NDLR: Denain), la statue du maréchal de Villars, en bronze, est morcelée dans les ateliers de la SFCM (Société Française de Construction Mécanique). Les morceaux prennent ensuite de train vers l'Allemagne pour y être fondus.
Denain pendant la Grande Guerre
En mai 1917, l'empereur Guillaume II passe à Denain et à Lourches, toujours occupées. Le chef d'Etat allemand doit rejoindre Paris pour y faire son "entrée", accompagné d'un train de calèches et de voitures de luxe. Mais avant, il remettra, dans la cité de Mousseron, des distinctions militaires aux soldats allemands à La Croix Sainte-Marie. Début octobre 1917, Angèle Lecat, native de Rumegies, est arrêtée dans sa ville natale pour avoir hébergé et facilité la fuite de deux soldats anglais prisonniers de guerre. Elle sera fusillée à Saint-Amand-les-Eaux le 25 mars 1918.
Le 7 juillet 1918, à la suite d'un terrible méprise, l'armée anglaise bombarde l'église, causant quatre morts. Le 19 octobre 1918, Denain est libérée. Le Prince de Galles, futur Edouard VIII et des membres de l'état-major canadien assistent à une messe donnée dans l'église Saint-Martin. Le lendemain, le 20 octobre, Roeulx est libre, Mais l'occupant, dans sa retraite détruit et incendie les établissements industriels et leurs dépôts. Hasnon est elle aussi libérée, après des bombardements allemands qui causent 21 morts civils. En novembre 1918, Bouchain est libre à son tour. Les allemands laissent, comme à Roeulx et Hasnon, une trace de leur retraite, faisant sauter l'écluse et les trois ponts principaux au dessus de l'Escaut.
Le 10 novembre 1918, le président français Raymond Poincaré est en visite dans le valenciennois libéré. Il passe par Saint-Amand-les-Eaux en compagnie de préfet du Nord et du général anglais Hunter Westen, commandant du 8e corps d'armée. Il se rend ensuite à Raismes, où les maisons sont pavoisées et La Marseillaise jouée. Et termine sa journée de visite à Denain où, les Allemands ayant coupé les conduites de gaz et détruit l'outillage électrique, la mairie est éclairée à la torche. Le président de la IIIe République y annonce l'abdication de l'empereur Guillaume II et traverse la ville à pied avant de reprendre le train.
(Source: Horizons n° 11 de février 2016)
Si nous étions sur un site consacré aux séries des années 80, vous auriez compris que je m’apprête à vous parler de Franck Buck, le chasseur de fauves. J’imagine déjà les fans en délire qui arrachent leurs vêtements devant le fantasme moustachu de leur jeunesse. Mais comme nous sommes sur un site de généalogie, je vais plutôt vous parler de… Quoi ? Vous ne vous rappelez plus ? Mais si ! La série avec Bruce Broxleitner !
Bruce Broxleitner
Trêve de plaisanterie, comme je le disais avant d’être interrompu par un moustachu, je vais plutôt vous parler de Jules Fleuriste JOLY, né dans la maison de ses parents le lundi 18 septembre 1876 à Quarouble (Nord). Jules est le fils légitime de Jules JOLY, un cultivateur âgé de 35 ans et de Cressance Apolline DUEE, âgée de 25 ans. A sa naissance, il a un frère Noël Jules (un soldat de la Grande Guerre né en 1873, mon arrière-arrière-grand-père), une sœur Désirée décédée le 31 octobre 1873 à 18 mois et un frère Emile né le 27 octobre 1878 viennent compléter la fratrie. Jules est à peine âgé de 5 ans quand sa mère Cressance décède le 18 février 1882. J’aurais pu continuer ce récit en vous racontant que Jules s’est marié, qu’il a eu de nombreux enfants et qu’il a vécu heureux avec son épouse dans sa petite maison du nord de la France. Pourtant, c’est une tout autre histoire que je vais vous raconter, celle d’un homme qui a quitté son pays pour partir loin, très loin, dans les territoires orientaux de l’Empire Colonial Français.
Acte de naissance de Jules Fleuriste JOLY
Tout commence le 11 juillet 1895 quand il quitte son emploi d’employé de commerce et s’engage en tant que volontaire pour 4 ans à la mairie de Valenciennes. Il rejoint le 8e Régiment d’Infanterie de Marine cinq jours plus tard en tant que soldat de seconde classe sous le numéro de matricule 6750.
L'Hôtel de Ville de Valenciennes
Savait-il que cet engagement le mènerait au sein du 11e Régiment d’Infanterie de Marine en Cochinchine dès juin 1897, et qu’il finirait par découvrir l’Extrême-Orient ? La présence française dans cette région est plutôt récente puisqu’elle date du 5 juin 1862 quand l’Empereur d’Annam doit céder à la France les provinces qui vont désormais désigner la Cochinchine par le premier traité de Saïgon.
Le rôle du 11e R.I.M est surtout la pacification du pays, qui se fit sous les ordres du Général Callieni de 1892 à 1896. Il participe notamment au « nettoyage » des zones de guérilla et à la lutte contre le chef rebelle De Tham. Le 12 avril 1899, Jules passe en congé en attendant son passage dans la réserve qui aura lieu le 11 juillet de la même année. Dès lors, il a exercé la profession de greffier dans l’administration coloniale. Successivement commis greffier de 3e classe (1902), de 2e classe (1908), de 1er classe (1910) puis commis greffier principal quand la Grande Guerre éclate, Jules habite tout d’abord chez Monsieur BONNET, à Saïgon (aujourd’hui Hô-Chi-Minh-Ville), puis Rue de la Citadelle à Vinh-Long à partir de 2 mars 1903, avant de partir pour la province de Soc-Trang, dans le delta de Mékong.
Le Mékong à Vinh-Long
Je perds ensuite la trace de Jules. Il refait surface en France en 1915, quand il est déclaré réformé par la commission spéciale de Marseille pour cause de paludisme chronique, à la même époque, sa fiche matricule indique qu’il habite à Valenciennes. Il est décédé le 27 mars 1916 à Pertuis dans le Vaucluse. Pourquoi à Pertuis, loin de son Nord natal et la Cochinchine où il a vécu ? A-t-il souffert du paludisme suite à son séjour en Extrême-Orient ? Cela reste un mystère généalogique de plus à résoudre. J’ai demandé l’acte de décès de Jules auprès de la Mairie de Pertuis, j’espère y découvrir des informations qui me permettront de répondre à toutes les questions qui restent en suspend. Quoi qu’il en soit, je ne manquerais pas de mettre à jour cet article pour vous raconter en détail la suite des aventures de Jules JOLY sous le ciel brulant d’Extrême-Orient.
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